Des rencontres…
Il y a maintenant 20 ans que je m’efforce de donner au TPP, à travers le choix de son répertoire, ses lettres de noblesse.
Durant toutes ces longues années, nous avons privilégié les beaux textes, les grands auteurs,particulièrement ceux du siècle dernier que je connais bien. (J’en ai pratiqué tellement durant ces années passées au service des dramatiques d’une télévision, qui se voulait éducative autant que distrayante).
Molière avec le Bourgeois gentilhomme, La Fontaine avec ses Fables, ont été les seules incursions dans un répertoire dit « classique ». La raison est que les comédiens de notre troupe n’avaient pas la formation, ni la technique nécessaires pour se frotter à ce répertoire d’exigence.
Mais Feydeau, André Roussin, Sacha Guitry, Armand Salacrou, Félicien Marceau, Jules Romains, Edouard Bourdet, Marcel Aymé, Pirandello, Jean Cocteau, Jean Giraudoux même ….. étaient plus à leur portée.
IIs nous ont permis de bons succès et procuré de grandes joies.
Je rêvais, depuis toujours, de présenter à notre public, une pièce de Jean Anouilh.
Mais les droits de représentations en étaient très souvent bloqués, et les castings successifs impossibles à concrétiser.
Allais je terminer mon activité sans que je me sois donné le bonheur de monter l’une de ses pièces ?
La valse des toréadors sera le cadeau d’anniversaire de ma 90e année
Se décider pour le choix d’un spectacle n’est pas une mince affaire ; il faut d’abord en disposer du casting.
Le cher Jacques Marin qui fut, il y a 22 ans, le premier à créer cette troupe qui n’en était pas une, mais plutôt un cours de comédie, surnommaient les élèves : son cheptel.
Il est bien loin ce temps, tant et tant sont venus et repartis.
Mais, les anciens ont gardé la foi, l’envie et le courage qui construisent les troupes solides.
Puis sont venus avec les rencontres, les comédiens nouveaux qui sont le sang vif et neuf, de ces amateurs passionnés. Ils m’ont fait confiance, pour s’engager dans un long travail.
C’est donc à moi de les amener à découvrir ces textes qu’ils ne connaissent pas.
C’est à ma patiente conviction de les conduire dans des chemins inconnus d’eux-mêmes.
Ils vont se trouver, ou s’y retrouver, puisque jouer un rôle c’est découvrir en soi une part de soi que l’on ignorait et qui vous construit, puis vous aide à être un autre.
Ce sera alors de nouvelles rencontres constructives et plaisantes. Leur personnage deviendra une autre nature que la leur, pour un soir ou quelques soirées.
Ils en seront enrichis de souvenirs, qui les aideront à se sentir chauds et vivants plus tard.
Quand j’ai relu La Valse des toréadors, j’ai tout de suite pensé à Guy, à Laurence, à Kharine, à Anthony !
Je me suis projeté dans ce que nous pourrions construire ensemble, parce que je les savais assez forts pour porter les personnages particuliers de cette pièce drôle et cruelle.
LA VALSE est une farce triste. Jean Anouilh y parle de l’amour mais avec une acuité, une noirceur, une vérité qui étonne.
C’est une analyse sans pitié du sentiment amoureux fait de faiblesse et d ‘exigence.
Finis les illusions au romanesque.
Les pièces d’Anouilh sont roses, ou grises, ou noires, celle là est grinçante.
La présenter devant vous est le résultat d’un travail passionnant et un challenge difficile
J’espère vous donner un peu du plaisir que nous avons pris à le réaliser.
Claude CATULLE
Chevallier des arts et lettres